Connaissons-nous toutes les variétés d’ours bruns ?? Certainement non. Souhaitions-nous concrétiser une rencontre avec le plus grand ours brun connu ? Oui. Comme celui empaillé, déjà aperçu à Fairbanks dans une vitrine, lors d’un précédent voyage en Alaska, (voici trois sites permettant de s'imiscer dans cette magnifique contrée (Visit the USA, State of Alaska, Alaska Fish and Game), fièrement planté au milieu d’un restaurant, nous dépassant de toute sa hauteur, mesurant près de 3 mètres sur ses pattes arrière. Allons un peu de danger et d’inconscience nous firent sélectionner cette destination, au bout du monde ! Nous avons l’art de dénicher des noms de lieux, que personne ou presque personne ne connait, noms parfois, voire toujours imprononçables et non mémorisables !! Tant pis et vive Kodiak !!
L'eté 2014 s'annonçait maussade ; pour des raisons professionnelles, nous ne pourrions pas prendre de vacances à cette date, comme nous en avions l'habitude.
Peu importe, après s'être faits à cette idée, nous partirions en septembre, un peu à la recherche d'une revanche.
Au cours de ces vingt dernières années, nous avions côtoyé, en Amérique du Nord, l'ours noir et le grizzli, que ce soit dans le Montana, les Rocheuses Canadiennes et la Côte Pacifique, avec notamment des spots inoubliables à Knight Inlet, Smith Inlet, et en Alaska aux chutes de la rivière Brooks dans le Parc National de Katmaï.
A Knigt Inlet, nous les avions aperçus, à marée basse, depuis des barges tirées par des guides.
A Smith Inlet, pendant quatre jours, depuis un lodge flottant, nous partions en barque en se rapprochant au plus prêt, alors qu'ils faisaient le plein d'herbe épaisse, le carex, en attendant que les saumons arrivent.
A Brooks, nous assistions, depuis les plateformes en bois aménagées à cet effet, à un spectacle bien réglé et immuable : une quinzaine d'ours pêchant le saumon, les uns en haut des chutes attrappant leur proie au vol, les autres à l'étage inférieur, rattrappant le saumon ayant râté son saut, ou alors celui relâché par l'ours situé à l'étage supérieur.
L'idée nous vint alors d'aller observer le comportement de l'ours, sans que ce dernier ait à subir les contraintes et les nuisances imposées par l'homme : et c'est ce que nous avons réussi à faire du 2 au 14 septembre, en faisant un trek fantastique sur l'île de Kodiak, dans le golfe de l'Alaska, à la rencontre de l'ours de Kodiak, qui avec l'ours polaire est le plus grand carnivore sur terre.
Mais avant de faire partager ce retour d'expérience, nous voudrions d'emblée dire :
Merci à l'Alaska,
Un grand merci à Terres oubliées et à Mathieu Reygnier, sans qui ce trek n'aurait pas été possible,
Toute notre reconnaissance à Harry et Brigid Dodge, de Kodiak Treks, défenseurs intraitables du territoire de l'ours, qui en suivant leurs traces nous ont enmenés à leur rencontre.
Trois jours de voyage pour être à pied d’œuvre!
Dix heures de décalage horaire, mais la fatigue s’envole, remplacée par une très grande impatience de voir enfin de près ces magnifiques plantigrades. Nous sommes six français à s’être laisser séduire par cette aventure proposée par Terres Oubliées. Départ début septembre 2014 pour 12 jours.
Uyak Bay, Aleut Island :
Survol de l'île de Kodiak, dans la brume, aperçu du relief montagneux de cette terre quasiment inhabitée, très verte, peuplée de sapins de Sitka au Nord en rangs serrés, et d’épinettes au sud, creusée de mille fjords.
Amerrissage devant une île minuscule située dans le Wild Life Refuge, territoire réglementé, aux incursions de touristes très limitées où 3000 ours vivent protégés.
Accueil à la descente de l’hydravion par nos deux guides Harry et Brigid Dodge, de Kodiak Treks et installation dans des « lodges rustiques ».
Départ prévu pour le lendemain matin, mais nos sacs n’ont pas pu être acheminés en raison du mauvais temps : vent, pluie et brouillard.
Petite note d’inquiétude chez les participants, puis en toute fin de matinée, ils sont arrivés !
Départ vers notre camp de toile à bord de petites embarcations, dans la précipitation n’emmenant que l’essentiel et encore, car il faut tenir compte des horaires de la marée, mais qu’à cela ne tienne, l’aventure n’est-elle pas aussi à ce prix ?
Le camp de toile :
Pluie, humidité, lampe de poche, peur, stigmates de la présence de l’ours…
Nous allons camper pour plusieurs jours dans une petite clairière dans le territoire des ours !! Que dis-je des ours, mais aussi des renards, des aigles chauves, des cerfs, des chèvres de montagne…Une simple toile de tente éloignera-t-elle le danger ???
On y arrive enfin après une heure de traversée de ce long bras de fjord, on nous transborde d’une moyenne embarcation dans une plus petite ; courte attente avant d’accoster, laissant la possibilité à quelques mammifères de déguerpir. Hardi petit, vive les muscles !! On transporte tout, d’abord sur la grève puis on grimpe un raidillon, et là, à nous le plaisir de monter les tentes qui sont toutes enfermées dans des containers étanches ; quelques hésitations devant les sardines et les arceaux ; les souvenirs des campings de notre enfance viennent à notre secours, et vaille que vaille, bien secondés par Harry et Brigid, les tentes se dressent, les lits de camp sont glissés sous les tentes, le feu de camp peut commencer à crépiter.
Ah, les toilettes… un WC plus que rustique se dresse à quelques mètres de là : trône dérisoire, très haut perché, recouvrant un trou creusé dans le sol,… que dire !!! Des griffures d’ours à deux mètres de hauteur sur un arbre voisin indiquent à qui souhaite se renseigner, que les ours sont chez eux, et qu’à tout moment une rencontre imprévue est possible.
Le repas fait de nourriture lyophilisée reconstituée, pris avec un café en poudre et une bonne dose d’humidité autour d’un petit feu de camp un peu fumant a des airs de lendemain qui chante et de promesses à tenir…A demain…
Deux heures du matin, un léger clapotis sur la toile de la tente et une envie irrépressible, ah ce maudit café ! pourquoi en avoir repris et pas anticipé, qu’il est particulièrement « diurétique », allons, parlons en décodé, cela donne une envie de faire pipi séance tenante ; problème : sortir de son duvet, bonnet sur la tête et écharpe autour du cou, remettre ses bottes ou ses chaussures, et déambuler armé d’une lampe de poche jusqu’aux toilettes rustiques ? JAMAIS !!, allons réveillons notre compagnon, sollicitons son aide, et pourquoi ne pas se soulager juste à deux mètres et rentrer illico bien protégée par cette feuille de papier que constitue la toile de la tente !!, expédition réussie !!!
La vie en groupe : entraide et solidarité de ce micro-groupe de Français, bien coachés par Brigid et ses bonnes connaissance de la langue de Molière, la communauté se forme vite face à l'espérance de chaque jour et l'effort commun vers un but précis. Chacun relate ses autres quêtes animalière alimentant les conversations du matin et du soir, avec des explications précises de Brigid et d'Harry sur l'ours de kodiak et son environnement...
Le trek à la découverte de l’ours
Paysage paisible, grandiose, au fond d’un immense fjord, où un bon observateur, jumelles rivées sur les yeux, commence à apercevoir toute l’agitation de l’éveil de la nature : tiens la marée est basse ! Mille oiseaux s’envolent et se posent en alternance, quelques vaguelettes agitent la petite barque de Harry. Deux cerfs peuvent être distingués dans le lointain, des canards et des mouettes virevoltent…
Départ pour le « trek » enfin !! Deux heures de marche intense, première partie d’environ une heure, sur la rive, à marée basse, entre glissades sur les rochers et pas prudents sur les graviers, en évitant les algues traitresses !
Premier arrêt contemplatif : le paysage enfle, s’expose, se montre, le soleil caresse les collines en levant les derniers voiles des brumes matinales, et on aperçoit… trois ours entrain de déambuler sur la rive opposée : petite famille bien tranquille, où la mère veille sur sa progéniture, un des deux oursons parait hardi et pressé, l’autre plus poète, s’attarde apparemment sans raison… Le dilemme maternel, lequel est en danger, lequel protéger, lequel sermonner ??
Quelques cascades d’eau pure permettent de remplir nos gourdes.
Enfin après cet âpre cheminement, nous voici pour une deuxième heure devant d’autres difficultés, dans les hautes herbes, traversant de petites futaies, des épilobes déjà rougeoyants annonçant l’automne.
Nous empruntons les chemins tracés depuis une éternité par les ours eux-mêmes, ils sont étroits, boueux, parfois à flanc de coteaux ; puis enfin le terrain s’aplanit, la rivière apparait et alors…c’est l’attente, car tout ici se mérite, l’ours ne vient pas à notre rencontre, il n’y a pas de spectacle prévu à heure fixe, séances en matinée, en soirée, ou relâche le week-end…non…c’est la nature qui commande.
S’il fait très chaud, l’ours ne se montre pas, il reste à couvert pour ne pas souffrir de la chaleur qui est encore présente en cette fin d’été. S’il pleut beaucoup, c’est nous qui seront en difficulté pour nos photos... mais l’ours lui n’en aura que faire.
Enfin l’ours de Kodiak, ou le Kodiak tout simplement, ou l’ursus arctos minddendorffi apparait :
Car maintenant il lui faut manger, il faut faire du gras, car sinon point de survie pendant les longs mois d’hiver en hibernation.
Il y a dans son comportement à la fois une impatience, une boulimie où le temps imparti à son engraissement parait être l’urgence, et en même temps une sensation de stabilité, donnant l’impression qu’ici ce sont des gestes éternels que rien ne pourra interrompre jamais.
A l’affût, tirant à vue, oh pardon !! Uniquement au travers de nos très longs objectifs, voulant ainsi, s’approcher au plus près, que dis-je, au poil près !!! On concrétise en quelques instants les rêves datant du jour où décision prise, on savait qu’enfin on irait à Kodiak,
Mais l’ours, lui, parait certes indifférent à notre présence, mais en fait, il nous senti, puis vu, bien avant nous.
Il balance lentement sa tête de droite à gauche, et avec son museau il hume l’atmosphère…spectacle…spectacle…est-il de connivence avec Harry et Brigid Dodge qui, de mai à septembre depuis une trentaine d’années, ont accueilli des touristes pour leur faire partager cet univers si particulier de la parfaite harmonie d’un des plus grands mammifères en liberté, et encore si peu sous contrôle de l’homme avec la nature. Si vous êtes impatients, venez tout de suite regarder la vidéo !!
Lui c’est le saumon qu’il guette, et nous c’est sa présence et son comportement.
Il est immergé dans la rivière qui peut le recouvrir jusqu’au garrot, met son museau carrément dans l’eau, il le voit alors, brillant, scintillant ce saumon, qui remonte la rivière pour frayer et mourir, et l’ours se précipite et dans une explosion de gouttelettes, il s’emballe, il court, et parfois, il l’attrape, il se dirige alors sur la rive, le saumon frétillant entre ses mâchoires, il dépèce le poisson à vif, celui-ci est encore parcouru de soubresauts, la vie s’en va pour la survie de l’autre, mais ce saumon dont les jours étaient comptés, va participer au cycle de la nature. Seul tel un bon poissonnier, il lève les filets, et laisse
Peut-il s’arrêter, non, il y retourne, il chasse indéfiniment dans cette boucle de la rivière, puis s’en va après un peu plus loin, nous obligeant à nous déplacer dans des fourrés épais, parsemés de la chasse de la veille, du matin ou d’il y a dix jours.
L’odeur de poisson en décomposition est très présente, parfois incommodante, elle nous accompagne, les cadavres délaissés par le Kodiak, témoignant ainsi de l’activité incessante des ours, profitent également aux mouettes et aux aigles chauves qui finissent le travail. L’ours, tel un bon poissonnier, ne lève que les filets, il laisse aux autres la laitance, qui parfois flotte dans les cours d’eau, la tête et l’arête centrale encore fournie, surgit sous nos pieds, allant d’une coloration du blanc nacré au brun violacé.
Y avait-il un, deux, dix ours en même temps ?
Situation très variable, en effet ils apparaissent parfois seul ou en nombre, mais toujours restreint, d’environ 5 au maximum.
La plupart du temps nous les avons vus chasser en solitaire, l’un après l’autre dans une même boucle de rivière; on a assisté à une éviction respectueuse, où le dominant ou la dominante revendique son territoire de chasse et l’autre s’en va…chaque ours fait ses courses sur son territoire, mais semble le partager, à des heures différentes avec ses congénères. Notre ourse, enfin celle qui fut fidèle aux rendez-vous quotidiens, était une ourse d’environ sept ans, balafrée, une profonde entaille barrant le tiers arrière de sa croupe, cicatrisée de longue date, mais stigmate d’une lutte à mort dont elle est sortie victorieuse. Certains matin cinq ours sortaient des fourrés tandis que nous étions en approche, d’autre fois, de longues heures d’attente était le prix à payer pour enfin les revoir.
Le comportement réciproque :
Quel comportement adopter ?? tantôt Brigid nous précède et Harry ferme la marche fusil accroché au sac à dos, et parfois c’est l’inverse ; ils nous indiquent où nous planquer, derrière des petits buissons ou un arbre mort, mais Harry toujours très flegmatique, nous fait jouer sur le devant de la scène, accroupis devant le tronc d’arbre abattu et nous immobiles, accroupis, en position « statue », voyant l’ours passer à deux mètres de nous, préoccupé par sa chasse au saumon et pas par la présence de ces « touristes » amateurs de sensations !! on dit photographes animaliers à vos téléobjectifs et très grandes focales, et nous nous répondons, le grand angle est aussi indispensable!!! Parfois l’ours part et suit les méandres de la rivière, faut-il le suivre ? La progression est toujours difficile entre les restes des saumons, les arbres morts aux branches enchevêtrés, les trous invisibles, les hautes herbes, le bord glissant de la rivière : est-il loin, près, revient-il, sera-t-il sur le chemin que nous empruntons actuellement ? La consigne, suivre nos guides, ne pas faire de bruit, ne pas parler, s’accroupir si l’ordre en est donné, et avoir une tenue de camouflage, le visage même couvert, en fait se confondre avec la nature. Eux, briquet à la main recherchent le sens du vent, afin que l’ours ne soit pas surpris s’il ne n’avait pas détecté notre présence et éviter ainsi une attaque.
L’environnement immédiat :
La rivière apparaissait au début de l’automne noire ou rouge, envahie par la multitude des saumons, mais depuis quelques années, leur remontée est moins franche, et se fait attendre, il n’y a que des scintillements intermittents indiquant la présence des poissons…changement de climat ? Que serait alors le destin des ours bruns de Kodiak si…leur principale nourriture venait à manquer ??
Les aigles chauves, pygargues à tête blanche, (bald eagle) en poste d’observation au sommet des arbres morts, ponctuent le paysage ; qu’ils paraissent statiques, nous voudrions un envol à saisir et à immortaliser dans nos boitiers !!
Et finalement presque nonchalamment ils se décident. Très grand et bel oiseau, emblème des Etats Unis d’Amérique, bec jaune, œil clair, griffes acérées, plumes noires, tête blanche.
Des petits oiseaux sont parfois le seul dérivatif à nos longues attentes entre deux apparitions de l’ours : martin pêcheur d’Amérique, petit oiseau gris, mouettes à l’affût de nourriture au plus près des ours, pies.
Loutres de rivière, jamais entendu parler ! Mathieu de Terres Oubliées, m’avait prévenue, il n’y a pas que l’ours à découvrir : une marche très difficile, où même les bottes n’ont pas résisté aux assauts du sac et ressac de la marée montante ; la progression au bord de la plage qui est elle-même recouverte d’arbustes pieds dans l’eau, nous fait douter de l’intérêt d’aller rencontrer ces petits animaux : nous avons déjà vu à plusieurs reprises des loutres de mer, alors de rivière !!! Depuis je me suis documentée et est découvert que ces petits animaux existent en Europe de façon sporadique et qu’il y a un photographe animalier passionné par ces loutres et qui propose de magnifiques photos. Elles sont d’une grande vivacité, et comme toujours, elles nous ont repérés, sont aux aguets, amis, ennemis, les voici pissant et d’éjectant pour marquer leur territoire, affirmer ainsi leur souveraineté, leur antériorité territoriale (simple sous espèce de l’ensemble des mammifères, copier-coller de nous-mêmes ?); la curiosité l’emporte, d’une nage rapide elles viennent vers nous. Le chien, ce tout fou, Loyal, un jeune labrador noir, amour de nos guides, risque de mettre en péril cette rencontre par son agitation et ses aboiements.
Après deux sessions de trois jours, retour au camp de base
Un endroit plus civilisé, où nous attendent des activités variées telles que le sauna, le lit douillet et les bons repas de Brigid, les excursions sur la plage, et en kayak de mer, la visite de l’île aux oiseaux, le ramassage des coquillages…
Camp de base :
Un bric à brac sympathique, déjà on se sent au bout du monde et on le confirme ! On monte facilement à flanc de colline pour rejoindre le lodge principal.
Le site principal, lieu de rassemblement : une pièce sympathique où le poêle à bois apporte une douce chaleur : cuisine et coin repas rassemblés, font face à un petit salon où le chien se prélasse plus souvent que nous sur le canapé.
Le potager se trouve sur la route pour accéder aux chambres, on peut ainsi cueillir au passage une framboise ou un brin de ciboulette, qui sera utilisé à bon escient par Brigid lors d’un repas.
Les chambres et leurs commodités : se sont des bungalows, nous avons occupé le plus éloigné, avec une vue magnifique dominant le fjord, petite cabane toute simple, peu isolée, dont le carreau cassé est encore arrivé en mille morceaux par le même hydravion que nous : carreau détruit quelques mois auparavant par un ours qui avait élu domicile sur cet îlet pendant quelques temps. Un lit, un poêle à bois, et juste de quoi se retourner quand nos deux sacs et matériels photos y sont aussi entrés. Les toilettes à peu de distance sont à tout vent, assis, on jouit ainsi d’une vue imprenable sur le fjord, mais la nuit pour y accéder, lampe frontale obligatoire, et attention aux rencontres !!
Le sauna rustique, douche et propreté !! On part propre vers le camp de toile, on en revient au bout de trois jours consécutifs de trek et de camping, sales, crottés, humides, avides de douche et de savon : qu’à cela ne tienne, nos hôtes ont tout prévu. Avez-vous remarqué en montant à droite une petite bicoque, au toit vert et murs rouges foncés ? C’est le sauna rustique : point d’eau courante, point de courant non plus. Un grand broc, une grande cuve, un poêle à bois qui ronfle, une casserole en émail ébréché, quelques gels douches paraissant oubliés par les touristes précédents, un brûle parfum, et à l’entrée, à peine protégés des regards et du vent, deux porte-manteaux attendant que l’on se dévêtisse : mais finalement, quel bonheur, de l’eau chaude, un nettoyage en règle, presque du grand confort, un sauna qui vaut le détour, on POURRAIT lui mettre 5 étoiles sur Trip Advisor !!
Visite de l’île
Aleut bay tout un programme, progression difficile, première approche du terrain, la plage est faite d’ardoise pilée, les roches sont hérissées de petits coquillages pointus, coupants comme du silex. Les arbres commencent à perdre leur feuillage, des empreintes d’animaux sont visibles, des stigmates des anciens et premiers habitants de l’île sont mis en exergue par le discours passionné de Brigid qui a reçu la visite récemment d’un anthropologue très versé dans l’étude de ces peuples aleutiques. Avec le kayak on s’échappe un peu, on a l’impression de ressembler aux aleutiques partant pêcher ou trouver une passe, l’eau est calme et les rencontres avec les oiseaux, aigles et mouettes, ponctuent cette balade.
Visite guidée par Harry en toute fin de journée d’un îlot aux oiseaux, rocher escarpé sur lequel on découvre en grappe touffues des mouettes, des goélands, juvéniles et adultes, formant une toile de fond blanche et gris perle, aux huitriers pie, plumage noir profond à bec rouge et aux macareux huppés, noirs à tête blanche, au bec orange et pattes rouges, au vol un peu gauche. Nos premières loutres de mer répètent les gestes du quotidien en cassant sur leur ventre les coquillages qui sont leur subsistance, gardant éternellement une gentille tête tout sourire !! Que de projections d’états d’âme ! Au retour une petite colonie de phoques se prélasse et plonge alternativement.
Qui dit île, dit plage, roches, coquillages, et étoiles de mer : nous irons ramasser des ormeaux et des « chapeaux chinois » pour notre prochain repas, expérience assez unique, car en France le ramassage des ormeaux est réglementé, voire interdit, ici, c’est différent, c’est en fonction de leur taille qu’ils feront ou non une fricassée. La progression est difficile car le terrain est glissant, accidenté, mille tessons de coquillage coupants nous menacent. On est entre ciel et terre, car les étoiles, elles, ont décidé d’être bien accrochées sur le sol : un parterre d’étoiles de mer, aux couleurs plus vives les unes que les autres, de l’ocre au rouge et même au profond violet de l’aubergine, aux découpes étonnantes toutes plus savantes les unes que les autres s’offrent à notre regard et à notre émerveillement les étoiles de mer.
Pour ceux qui veulent aller plus loin : quel équipement, quel matériel ?
Vêtements :
une longue préparation est indispensable pour cette virée à l’autre bout de la terre : il faut voyager léger car du gros porteur du vol international, au vol « intérieur » puis à l’hydravion et enfin au camp de toile, soit on laisse derrière soi une partie de l’équipement soit on le conçoit en fonction de sa véritable destination, et on pèse tout !! Il ne faut pas excéder 20 kilos, comprenant, bottes, chaussures de randonnée, vêtements imperméables (type pêcheur), veste polaire, pantalons, rechange en particulier de chaussettes, un bonnet, des gants, un blouson, des collants et des polaires en sous vêtements, une vraie trousse à pharmacie de survie, une lampe de poche, un couteau, de petits ciseaux, sa trousse de toilette : attention lingettes indispensables !! car l’eau nous entoure partout mais elle n’est pas courante, et la plupart du temps salée ou très froide ! le maître mot : légèreté, imperméabilité, chaleur, rechanges, confort, et camouflage ; pas de vêtement de couleur vive. Bon équipement de base chez Décathlon, carrément au rayon chasse et pêche entre autre.
Le matériel photo, vidéo, trépied ou monopode, et jumelles :
Il faut se référer aux conseils photos du site (conseils pour réussir ses photos ), car ici, c’est le rêve de tout photographe animalier, et aussi des amateurs de paysages inviolés : donc boitiers reflex ou hybrides dernière génération, avec téléobjectifs (400 mm au minimum), ou grandes focales de même type. Bien sûr un grand angle pour les paysages, et pour saisir les activités du quotidien, les attitudes et la progression pendant le trek, le petit 50 mm à grande ouverture complète la panoplie. Pour être paré aux difficultés de prise de vue, faible lumière, pluie, distance importante avec l’animal s’il ne s’approche pas de nous, il est indispensable de stabiliser son matériel, et d’emmener un bon trépied, avec une rotule de qualité, ou même simplement un monopode qui sert en même temps de bâton de pèlerin. Les fondus de vidéos peuvent réaliser de très bonnes prises dans ces mêmes conditions. Il faut donc être bon marcheur et également bon porteur, car ces petites bêtes pèsent !!! Attention paire de jumelles indispensable ; on peut repérer énormément d’activité grâce à cet instrument magique, et accéder à une mine d’informations non visible à l’œil nu. Nous avons appris de nos co-équipiers que cette activité fait partie intégrante de ce genre de voyage, qu’ils en soient ici remerciés.
Comment se termine une partie de pêche
Les ours pêchent et se régalent de saumon à la chair orangée, et nous ? L’idée de pêcher à notre tour trotte dans la tête des participants, le moment est propice, pas d’ours à l’horizon.
Par contre c’est la truite saumonée que l’on va guetter, car le saumon est déjà mal en point à ce niveau de la rivière, malade, bourré de parasites, à ne pas consommer pour nos estomacs humains.
Les cannes à pêche sont prêtes, une petite leçon de lancer est donnée par Harry et chacun tente sa chance: les prises ne se font pas attendre. Pour exorciser ses malencontreuses rencontres de pêche de « chaussures ou de rats » dans son enfance, Régis se lance dans l’aventure ; après quelques tentatives, l’hameçon mord enfin, on retient son souffle, et voici une magnifique colonne vertébrale de saumon, bien blanchie par le courant qui sort de l’eau, vite immortalisons cette prise !
Mais Loyal, ce terrible clébard se précipite vers ce trophée au moment même où Régis est entrain de s’en séparer: et c’est le drame, hameçonnage de l’index gauche !!
Qui n’a jamais regardé de près un hameçon, ne comprend pas. L’hameçon est composé de trois crochets, qui eux mêmes et c’est le principe est hérissé de petites édentations pointues et coupantes ; pas de possibilité de retirer l’hameçon en arrière, sinon on déchire les chairs, alors que faire ? Nous sommes loin de tout, pas d’hôpital ou d’infirmerie.
Heureusement, nous sommes sauvé par JP qui en bon médecin, habitué aux mésaventures des pécheurs de sa région a appris comment faire : couper l’hameçon au raz, puis faire progresser le morceau restant pour faire sortir la pointe et l’extraire avec une pince quand l’extrémité devient visible. Harry sécurise les abords en cas d’arrivée intempestive d’un ours, Brigid sort sa botte secrète qui est une trousse d’urgence bien conçue, et JP aidé d’un des participants élevé au grade d’infirmier opère, Régis à terre…quelques minutes de tension, et l’incident est clôt, pansement occultant, antibiothérapie et antalgiques immédiatement prodigués, voici une blessure quasiment guérie, et nous repartons à la chasse à l’ours jusqu’au soir couchant.
Le carnet secret:
Comment réussir son voyage :
Deux guides expérimentés formidables et Brigid parle français de Kodiak Treks
Un voyagiste d'exception, pour ce trek demander Mathieu de Terres Oubliées
Découvrir l'Alaska nature:
http://www.discoveramerica.ca/fr/usa/states/alaska.aspx