Juillet-août 2013, quand le grand Nord vous tient : l’envie d’y retourner, encore et encore, est irrépressible…ainsi l’aventure de l’Arctique s'est réalisée une fois de plus cet été.
Après une croisière polaire dans la baie d’Hudson, un cabotage sur l’ile de Baffin, une dérive côtière sur la côte Nord-Est du Groenland, nous découvrons maintenant le Spitzberg.
Des pics enneigés, des glaciers tombant directement dans l’océan, une banquise aux confins du Pôle Nord, et bien sûr toujours l’ours polaire, le seigneur de l’Arctique : c’est du moins l’idée que l’on s’en fait. La réalité va-t-elle être à la hauteur de nos attentes ?
DU SPITZBERG A L’ILE BLANCHE PAR LA TERRE DU NORD-EST
Expédition au Spitzberg avec Grands Espaces
A bord de l’Ocean Nova : du 26 juillet au 5 août 2013
Chef d’expédition : Christian Kempf
Commandant : Oleg Klaptenko
Photographies et vidéos : Régis et Marie-Chantal Bugault
( l’Arctique en images -Spitzberg en 300 images)
En route pour Longyearbyen
Ainsi, c’est presque le cœur battant que nous montons à bord d’un avion d’Europe Airpost, spécialement affrété par Grands Espaces, pour raccourcir le temps d’accès au Spitzberg, grâce à un vol direct.
En quatre heures quinze, nous voici à Longyearbyen : l’ours polaire est immanquable; il nous attend devant le tapis à bagages, à la descente de l’avion.
Longyearbyen, capitale du Spitzberg
C'est la ville la plus septentrionale de la planète, située au fond de l'Adventfjorden.
Elle fut crée en 1906 pour exploiter le charbon. Une balade le long de l’Advental permet de découvrir quelques prototypes de la faune (rennes, bernaches nonettes, sternes arctiques) et de la flore locale, d’apercevoir des chiens de traineaux dans leurs chenils en plein air, actuellement en plein "chômage technique", attendant les neiges automnales et les touristes en mal de balades en traineau.
Maintenant c’est la préservation de toute espèce « de graines » existant dans le monde qui sont enfouies dans une des collines de Longyearbyen : le Svalbard Global Seed Vault. De façon étonnante pour une si petite capitale, dans un pays de 3 000 habitants à peine, il existe une université où les étudiants se perfectionnent dans les spécialités liées à l’Arctique.
Faites un petit tour au musée de Longyearbyen, l’exposition vous met dans le bain, permettant de réviser vos classiques arctiques : morse, renard arctique, renne, mouette, goéland et ours empaillé de fraîche date, vous invitent à... quitter le musée pour aller s’aérer sur le terrain.
Si le musée ne vous tente pas, et si vous voulez vous dépayser, passez par la case Eglise (« Kirke ») : vous verrez comment dans le même espace (bien sûr après avoir laissé vos chaussures à l’entrée et revêtu des chaussons d’intérieur !), on peut faire côtoyer le spirituel,lematériel, et la convivialité nordique, sans oublier de faire ses dévotions à « polar bear ». Enfin vous pourrez vous recueillir devant l’autel, situé à l’extrémité de ce vaste « open space ».
Branchez vous sur cette webcam et vous aurez tout vu (en « live » mais aussi en archives)…ou presque, de cette capitale !
Embarquement immédiat
Cinq bateaux au mouillage sont en attente des voyageurs ; essayons de ne pas nous tromper de croisière, sautons dans les zodiacs, et que l’aventure commence…
L'Ocean Nova
Un bateau moderne et confortable de 73 mètres de longueur et de 19 mètres de largeur : c'est l'ancien « Sarpik Ituk ». Il a été construit en 1992 au Danemark et fut un express côtier au Groenland. Il a été totalement réaménagé en 2006, et bat pavillon des Bahamas. Le salon panoramique est remarquable avec son distributeur gratuit et à volonté de café et chocolats chauds, bienvenus après les sorties en zodiac rafraichissantes, ses innombrables baies vitrées, qui rendent paresseux : à quoi bon aller dehors puisque le paysage s’offre à nous sans restriction ; mais pour les plus courageux, quel bonheur d’accéder à cette passerelle adjacente qui permet d’être au froid, au vent, en contact direct avec cette nature grandiose.
Caractéristiques techniques
Longueur : 73 m / Largeur : 19 m ; Tirant d’eau : 3,4 m
Vitesse maximum : 12 noeuds ou 22,2 km/h
Nombre de passagers : 73 maximum ; Membres d’équipage russe et guides francophones : 38
Nombre de cabines : 38, toutes avec hublot, toilettes et douche ; Nombre de Zodiacs : 8
Classification glace : 1B ; Pavillon : Bahamas.
Larguez les amarres
A peine installés, c’est l’appel pour l’obligatoire et rituel exercice d’abandon du navire :il s’agit de montrer les procédures d’évacuation avec enfilage de combinaison étanche et de flottaison pour les passagers, lors d’un naufrage. Nul ne peut s’y soustraire, afin d’éviter les précédents fâcheux comme ceux du Titanic ou du Concordia !
Cette nuit, la houle nous berce… Le soleil de minuit est installé du 19 avril au 23 août. Nous sommes donc dans une lumière « solaire » permanente.
Comment enfin dormir ? L’exaltation induite par tant de luminosité est combattue par un épais rideau d’occultation dans les cabines, donnant une impression de fausse nuit, puisqu'à l’instar d’un interrupteur, ou plutôt comme sur une scène de théâtre, on peut à tout moment pratiquer le lever ou le baisser du rideau ; dehors gaillardement le soleil ne se couche pas ; il y a tout juste une petite diminution de son intensité, le soleil remontant au-dessus de l’horizon, dès trois heures du matin… tout se paye. A contrario, la nuit polaire commence le 26 octobre et se termine le 16 février, avec un manque de lumière pendant plus de quatre mois.
Et c’est déjà demain ; ce matin, le soleil est radieux, annonciateur d’une température plus tempérée que polaire : le réchauffement climatique, est-ce donc pour tout de suite ? Les températures sont très contrastées entre le sud et le nord. La moyenne en juillet dans le sud du Spitzberg est de 5° ; par contre, à fleur de glacier sur les zodiacs, malgré le soleil, on a 0°, lorsque le vent se fait présent à l’accélération du zodiac : heureusement que l’on a prévu de s’emmitoufler !
Ci-joint les relevés météorologiques :
Relevé météorologique de Longyearbyen |
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Mois | Jan | Fev | Mar | Avr | Mai | Juin | Juil | Aou | Sep | Oct | Nov | Dec | Année |
Température minimale moyenne (°C) | -20 | -21 | -20 | -16 | -7 | -1 | 3 | 2 | -3 | -9 | -14 | -18 | -9,5 |
Température moyenne (°C) |
-16,5 | -17 | -16,5 | -12,5 | -5 | 1 | 5 | 4 | -0,5 | -6,5 | -11 | -14,5 | -6 |
Température maximale moyenne (°C) |
-13 | -13 | -13 | -9 | -3 | 3 | 7 | 6 | 2 | -4 | -8 | -11 | -3 |
Précipitations (mm) |
22 | 28 | 29 | 16 | 13 | 18 | 24 | 30 | 25 | 19 | 22 | 25 | 271 |
Source :Longyearbyen Climate Guide1
A-t-il fait beau ? Les cinq premiers jours, c'est un Spitzberg de carte postale dont on nous a demandé de garder le secret ; ensuite la banquise a été traversée par des brumes et parfois un soleil doux du soir ; enfin le vrai Nord polaire s'est vraiment offert à nous pendant 48 heures avec brouillard, pluie plus ou moins intense, accompagné d'une descente des températures ; mais sinon comment aurions-nous apprécié un changement de cap avec la remontée vers le Nord-Ouest le long de Nordaustlandet ....pour retrouver un soleil plus ardent ?
La vie en croisière
La vie en croisière s’organise autour de quatre pivots :
- Les sorties en zodiac
- Les balades à terre
- La vie sur le bateau
- Les conférences scientifiques
LES SORTIES EN ZODIAC : le meilleur moyen d'explorer le mystérieux arctique
Le zodiac est pratique, sûr et indispensable
- tout d’abord on observe les recommandations du chef d’expédition : respect des horaires de départ, habillement adapté à ces régions polaires (blouson et pantalons chauds et étanches, bonnet, gants, multicouches avec petits polaires l’un sur l’autre) avec bottes surtout si sorties à terre, car on débarque dans un peu d’eau ; fonctionnement des zodiacs et rôle des guides,
- séance d’habillage, sans oublier le gilet de sauvetage (il faut compter, même avec entrainement, un petit quart d’heure, car on ne doit rien oublier et prendre ses précautions : les sorties peuvent durer 2 à 3 heures ; les appareils photos et caméras doivent être rechargés ; penser aussi à prendre des sacs plastiques de protection étanches pour le matériel photo
- attente dans l’escalier : on passe du chaud en transpirant, au froid salvateur …,
- embarquement au pont inférieur avec l’aide des guides accompagnateurs,
- installation dans les zodiacs : 8 à 10 passagers par zodiac (photo), aidés par les hommes d’équipage ; principe du maintien par l’avant bras avec transfert du passager entre le marin sur le bateau et le guide dans le zodiac pour entrer en toute sécurité dans le zodiac ; position assise sur les boudins, un peu d’eau à fond de cale : attention au matériel photo vidéo, vérifier l’étanchéité des sacs, gants et bonnets de rigueur (bref tenue de ski, principe des 3 couches),
- s’accrocher à la corde lors des manœuvres et des traversées ; ne se lever qu’avec la permission du conducteur ; s’adapter aux mouvements divers : s’accroupir ou se mettre à genoux pour permettre à tout le monde de voir, photographier ou filmer,
- écouter (ou pas) les descriptions savantes du guide conducteur ; on est bien noté si on fait des commentaires intelligents et/ou humoristiques. La devise : écouter, voir et obéir.
Recommandations du chef d'expédition (photo A.Desbrosse) |
Protection indispensable... |
Attente impatiente avant embarquement (photo:A.Desbrosse) |
Le staff attentif (photo:A.Desbrosse |
Embarquement au pont inférieur |
Pouvoir s'accrocher à la corde si besoin |
Ecouter les explications savantes |
Ecouter, voir et parfois obéir |
Le zodiac permet d’aller :
à la découverte d’un glacier et de son vêlage qu’accompagnent des milliers de mouettes tridactyles à la rencontre du krill, juste après ce « tsunami glacé » ; découverte de la « glace » sous toutes ses formes : le brashplaques de glace dérivantes, le petit «bourguignon», les concrétions glacées avec des reflets bleus aux dégradés multiples, grâce à la diffraction de la lumièreLes rayons lumineux sont déviés de leur trajectoire - glacier de Lilliehook dans le Krossfjord, falaises proches du glacier du 14 juillet, front du glacier de Monaco - ; découverte des parois abruptes et englacées avec des bédières, et des cascades violentes, tumultueuses, dévastatrices, - glacier d’Hinlopen -,
à la découverte de la banquise : pénétrer dans le «pack» autour du 81° de latitude Nord, cette banquise disloquée ; zigzaguer entre les floes et les crêtes de compression, appelées hummocks qui nous font disparaître et apparaitre dans un jeu de cache-cache à l’infini : paysage chaotique de glace, avec enfin la zone de séparation avec l’eau libre : les polynies; l’eau libre…reflet du ciel dans l’eau sur les plaques et entre les plaques ; se laisser happer, s’en réjouir puis s’en inquiéter :mais voici une mésaventure dont nous avons été les héros involontaires : nous musardions dans cet univers, où terre, mer, et ciel se confondent ; après s’être gentiment fait dépasser par le dernier zodiac qui retournait dans l’eau libre, le chenal libre s’est refermé ; nous étions donc prisonniers des glaces, seuls au monde (à 8 tout de même !) ; heureusement les communications par talkies walkies permettent au chef d’expédition de nous repérer ; puis c’est le commandant du navire qui vient à notre secours, tout droit devant, nous laissant inquiets : allions-nous être attaqués par un ours surgissant de derrière un hummok, ou carrément broyés par l’étrave pointue et acérée du navire ? Heureusement la grande maniabilité de ce bateau a permis d’écarter le carcan des plaques de banquise, d’ouvrir un nouveau chenal et de nous contourner…en nous sauvant !
à la découverte de la sensation de marcher sur la banquise proche de l’île Charles XII : prendre pied sur une plaque de glace, telle une île, en étant isolé dans cet univers, malgré la proximité des autres plaques, et du bateau dans le lointain, notre port d’attache flottant,
à la découverte de l’ours blanc qui a été repéré quelques minutes avant par les fins observateurs à la passerelle de commandement : commandant, chef d’expédition et guides toujours en alerte ; l’ours est là, presque résident sur cette terre désolée, sans glace (entrée du Liedefjord sur l’Ile de Makeoyane, un autre proche de l’île Charles XII), ou au contraire au milieu de la banquise disloquée (80 à 81° de latitude Nord), sur une plaque dérivante avec sa proie juste pêchée, dans le Raudfjorden, ou carrément acclimaté à son futur, privé partiellement ou totalement de banquise, broutant de l’herbe comme ses lointains cousins, grizzlis ou ours noirs dans l’Alkefjellet,
Ursus maritimus est le seigneur de l'Arctique certes redouté mais que tout voyageur souhaite voir, il est venu entre autre pour lui, ne dit-on pas qu'il est une espèce envoie de disparition?, c'est l'ours de notre enfance, et pourtant quel paradoxe, il est pourtant un des animaux les plus sauvages !
à la découverte d’une île mystérieuse et embrumée, en débarquant à la rencontre de morses peu farouches (île de Phipps dans l’archipel des Sjuoyane),voir des vols de mouettes, des colonies d’oiseaux guillemots sur la grande falaise d’Alkefjellet, des rennes broutant, une colonie de phoques se prélassant aux timides rayons du soleil matinal (fjord de Smeerenburg)...,
à la découverte des parois glacées de l’île Blanche, ou Kvitoya, et découvrir une dizaine d’ours entre glaces et sol pierreux, assoupis,
à la découverte de l’histoire du Spitzberg, où l’appétit des hommes en ont fait des conquérants barbares mais également des prisonniers de leur époque, de leur croyance. Quels destins souvent tragiques, dignes de grandes épopées : restes de l’expédition d’Andrée (Andreneset), le Krassin, les baleiniers, les chasseurs de morses, la conquête avortée du pôle Nord en ballon, la hutte de trappeur à Alicehamna… !
Le zodiac met en alerte les cinq sens :
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La vue : nature grandiose et infinie, où solitude rime avec éternité, celle-ci paraissant dans cet univers si accessible : ici, tout gèle, même le temps,
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L’ouïe : la banquise qui craque, les oiseaux qui sifflent et caquètent, le vêlage des glaciers qui gronde, les morses qui grognent,
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Le toucher : les glaces, l’eau froide qui glisse entre les doigts,
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L’odorat : l’odeur âpre du cuir des morses, l’iode de la mer au parfum englacé,
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Le goût : le sel de l’apéritif arctique, en fin de voyage, auprès d’un magnifique glacier.
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Mais que perçoit-on ? Il s’agit en fait d’une véritable symphonie, car toutes ces sensations et toutes ces expériences s’entremêlent et forgent cette attirance pour le Spitzberg et ce monde arctique.
LES BALADES A TERRE
Elles se réalisent après débarquement.
Faut-il emporter des chaussures de marche ou ne mettre que ses bottes ? Affaire de goût plus que de nécessité, les terrains sont divers du pergélisol parfois où les bottes sont le meilleur atout, mais dans les pierriers les chaussures de marche sont plus agrippantes.
Comment se vêtir ? Un peu de brise pour la courte traversée ne nécessite pas d’être très emmitouflé, donc en fonction du temps on peut s’alléger pour marcher sans risquer une séance de sudation prolongée. De toute façon on peut déposer ses affaires en tas un peu au dessus du point de débarquement, et même son gilet de sauvetage, il n’y aura aucune disparition à signaler au retour !
Qu’apporter en matière de matériel photographique ? Les prudents anxieux -trimbalent une cargaison d’objectifs pour « au cas où », la plupart prennent essentiellement un grand angle pour les magnifiques paysages, et un objectif macro, je ne saurai toutefois chaudement vous recommander, certains appareils photos « bridges » (dont je développerai les vertus dans la rubrique matériel photo-vidéo), qui permettent de se promener léger, de pouvoir changer sa stratégie dans l’instantanéité : paysages, macro sur les petites plantules, courtes vidéos, panoramiques rapides, et parfois, grand zoom sur la faune qui peut rester au loin, fugitive, craintive, fugace comme une apparition.
Deux de nos guides, dits électrons libres, sont toujours envoyés en éclaireurs, visibles en haut des endroits escarpés, faisant le gué, en étant bien sûr armés de jumelles d’un talkie walkie et d’un fusil, un ours peut toujours être très proche, invisible de la côte, voire surpris, la balade tranquille tournerait alors au drame faisant la une des journaux de l’été.
Nous avons ainsi l’occasion de faire un véritable « footing arctique », moments où nous pouvons être acteurs, et enfin se dégourdir les jambes, en prenant pied sur ces terres arides et désolées, entre pierriers, flore microscopique, oiseaux turbulents, paysages vus de certains sommets où le bateau paraît si petit alors que le glacier reste immense. Quelques débris d’os de phoques et de bois de rennes témoignent de ces présences en pointillé.
C’est l’occasion d’écouter les commentaires détaillés et savants de nos guides, de se lier avec les autres passagers au gré de la rapidité ou la relative lenteur de notre marche : trois groupes sont en général formés, les plus hardis qui entreprennent une excursion rapide, permettant de raconter ultérieurement leurs exploits, les plus raisonnables qui souhaitent « déclencher leurs appareils » en fonction d’un beau panorama, d’une petite fleurette, ou se donner l’occasion de ramasser un caillou ou un morceau d’os, et enfin les lents, les poètes, qui devant tant de beauté sauvage feront un voyage immobile ou presque, comme s’ils regardaient en eux-mêmes telle une introspection.
Nous avons découverts ainsi des microscopiques sources chaudes au Bockfjord, nous vîmes le fjord de Möller et la cabane de Lioyds Hôtel, le glacier d’Erick dans le Liedefjord, nous avons fait une excursion à Bengtssenbukta dans le Rijpfjord, nous avons marché dans un désert de pierres dans l’île de Scoresby, certains ont atteint un haut sommet à Alicehamna, nous avons progressé sur un glacier, avec une vue unique sur le glacier de Smeerenburg, en ayant tout d’abord progressé dans un profond molissol.
LE BATEAU : L’OCEAN NOVA
Le bateau et la vie à bord
Au début de ce propos, la description du bateau est « clinique », informative, impersonnelle, alors que notre perception est tout autre. Il s’agit alors de « notre bateau », pendant ces 10 jours ; les passagers sont nos compagnons de fortune ; nous formons déjà une communauté, avec ses amitiés d’un instant qui se nouent, ses habitudes vite prises d’humains toujours grégaires : les places dans la salle à manger sont « réservées » dès le deuxième jour!, ces rythmes de vie : le petit déjeuner, où il est tellement important de se précipiter ; imaginez que l’on soit à court de jus d’orange, de croissants ou d’œuf brouillé ; ces repas de midi, où l’entrée « façon nordique » est bonne mais très répétitive avec harengs sous toute forme ; ces conversations centrées sur les découvertes de la sortie du matin, ces appels du chef d’expédition, parfois pressants, voire impératifs : montez donc à la passerelle, précipitez-vous sur les ponts ou les coursives, ne manquez pas de découvrir les falaises de glace, les oiseaux guillemots par centaines de milliers ; à bâbord, à tribord, baleines en vue ; et ours droit devant !
Le bateau comme extraordinaire moyen de découverte
Depuis les ponts, les coursives, la bibliothèque, le salon panoramique, la passerelle de commandement, et même au travers des fenêtres des cabines, on peut s’en mettre plein les yeux et les oreilles : fjords majestueux, glaciers par centaines au gré de cette navigation, bruit de la houle et des vagues, oiseaux accompagnateurs, ours qui apparait sur la banquise, phoque se prélassant, banquise qui craque, se fend, tressaute sur le tranchant de l’étrave :
Les paysages : la ville minière de Barentsburg, les pics enneigés du Nord-Ouest telle la carte postale du Spitzberg avec la baie de la Madeleine, le glacier de Monaco, le fjord rouge dans la baie d’Hamilton, l’île Blanche, cette calotte glaciaire donnant comme un avant goût d’Antarctique, la côte du Nord-Est là-encore si polaire,
Des paysages alpestres tombant directement dans l'Océan, aux fjords englacés et à la calotte polaire, ainsi est le parcours du voyageur aui Spitzberg, c'est donc cela l'Arctique!!
La banquise : unique et multiple, puzzle impossible à reconstituer, en transformation permanente,
Les oiseaux : mergules, fulmars, grands labbes, mouettes tridactyles, et goélands bourgmestres, sans oublier les guillemots proches des falaises,
La faune vue du bateau : c’est l’ours en majesté, vu à de multiples reprises, ce grand marcheur infatigable, ce Nanook des Inuits, que nous suivons au cours de son errance nous étonnant de ses cabrioles, sauts, nages, et sa façon si sympathique de s’ébrouer ou de se rouler sur la banquise, cette relative distance et proximité nous faisant oublier, un instant, le caractère sauvage, si sauvage, si farouche, de ce splendide animal, le seigneur de l’Arctique.
L'ours polaire en balade sur la banquise: regardez-le çà vaut vraiment le coup!!
LES CONFERENCES SCIENTIFIQUES, EN FRANÇAIS
Si nous sommes, bien sûr, de grands bi- ou multilingues, comme il est agréable de ne pas avoir à tendre l’oreille, à faire fonctionner son cerveau traducteur, étant concentré à écouter pour mieux comprendre, pourquoi on aime tant ces terres hostiles et isolées :
- la banquise, qu’est ce que c’est ?, va-t-elle vraiment disparaitre ?
- l’ours blanc, qui est-il vraiment ?
- les morses, ont-ils une vie sociale ?
- les chiens de traineaux, en faire l’hiver est-ce bien ?
- pourquoi fait-il nuit, pendant quatre mois en arctique?
- le charbon, comment on l’extrait ?
- le pôle Nord en ballon, pourquoi faire ? et l’expédition d’Andrée, et le Krassin, et les Allemands paumés pendant la guerre de 39-45 ?
- et l’ Antarctique, si on y allait, de même qu’en mer d’Okhotsk ?
Infatigables nos guides conférenciers, disponibles en permanence, puits de science et de gentillesse répondent de bonne grâce à toutes nos questions.
Sans oublier des récapitulatifs journaliers et même par demi-journée, ces séances de « debriefing » étant la plupart du temps dévolues à Christian Kempf conférencier passionné, intarissable, qui injecte le virus du grand Nord jour après jour !
Tous les jours nous avons pu assister à des conférences, soit introductives aux activités de la journée, soit souvent pour illustrer et apporter des précisions sur la faune ou la flore, l'histoire ou la géographie de ces contrées, relatant aussi l'esprit de découverte et de conquête qui ont toujours animés les êtres humains.
Liste des conférences:
- discours de bienvenue du commandant Oleg Klaptenko
- introduction à la croisière par Christian Kempf
- les phoques, les baleines de l'Atlantique nord, les oiseaux de l'arctique par Alain Desbrosse
- expédition Andrée, les morses par Agnès Brenière
- la banquise par Pascaline Bourgouin
- histoire du Spitzberg, l'ours polaire, les calottes glaciaires, l'histoire de la conquête du Pôle Nord en ballon par Christian Kempf
- l'autre arctique (russe) et une saison en hivernage en Antarctique par Samuel Blanc
- le monde des mushers et des chiens de traineau par Bruno Guegan
- jour permanent en Arctique par Jonathan Zaccaria
UN DERNIER MOT
Quand on revient de l’Arctique, on pense déjà à y retourner : des jours sans nuit, une lumière si particulière, un désert de glace, une frontière irréelle entre le ciel, l’eau libre et la glace de mer, des ours polaires, des morses, des phoques, des rennes, des oiseaux par milliers, mais aussi des baleines … comment ne pas être addictif à ces régions polaires ?
Notre attirance pour l’Arctique, maintenant vous la connaissez, et vous partagez ce secret avec nous.