Un peu d’histoire
Le Svalbard est un archipel de l’Océan Arctique, qui se compose de neuf îles principales, dont le Spitzberg, situé entre le 74èmeet le 81èmedegré de latitude Nord et entre le 10èmeet le 35èmedegré de longitude Est, à 500 km de la première terre.
Le temps de la découverte
Contrairement aux autres régions polaires, il n’existe pas de population autochtone au Svalbard ; en effet aucun groupe n’a pu s’y implanter : depuis la côte Nord-Est du Groenland, les Inuits n’ont jamais pu franchir la banquise dérivante qui entraîne tout visiteur vers le Sud.
Dans les annales islandaises des Vikings, datant de 1194, il est fait référence à la découverte d’une terre, appelée Svalbard en vieil islandais, à savoir « côtes froides ».
Le terme Svalbard est aussi mentionné dans une des plus célèbres sagas islandaises, datant du 13èmesiècle, mais les Vikings pensaient que la terre du Svalbard était reliée au Groenland.
Des historiens russes ont affirmé que les Pomores - mot signifiant en russe « qui vit près de la mer - un peuple d’agriculteurs, de chasseurs et de trappeurs peuplant les côtes de la région d’Archangelsk et de la Péninsule de Kola, avaient visité le Svalbard au 14èmesiècle et y avaient hiverné à partir du 15ème.
Mais c’est en 1596, alors qu’il cherche le Passage du Nord-Est, que le navigateur hollandais Willem Barents découvre successivement l’Ile aux Ours et un peu plus tard au Nord-Ouest, une terre haute entièrement recouverte de neige, terre qu’il appellera Spitzberg, à savoir « montagnes pointues ». En poursuivant son périple, Barents et son équipage furent obliger d’hiverner au Nord-Est de la Nouvelle Zemble, mais avec plusieurs de ses hommes, il mourut du scorbut. Les survivants réussissant à rejoindre la Hollande vantèrent alors la découverte de nouvelles terres dans le Nord et la richesse de la faune.
L’époque des baleiniers
La découverte de Barents donne le coup d’envoi à une longue période de chasse et d’exploitation des ressources animales du Svalbard.
En 1607, le navigateur anglais Henry Hudson recherchant, lui aussi, le Passage du Nord-Est, relate l’abondance des cétacés qui « s’ébattaient comme carpes en vivier », et des morses qui « se reposaient en obstruant les plages » : cela déclencha une campagne de chasse baleinière internationale : Hollandais dès 1611, Français et Anglais dès 1613, Danois et Norvégiens à partir de 1617. Les basques qui avaient installé une station au Labrador, où ils récupéraient l’huile qu’ils rapportaient en Europe, furent engagés par les Anglais et les Hollandais comme harponneurs et maîtres à dépecer, pour venir chasser au Svalbard.
Chaque été, on comptait quelques 200 bateaux avec 50 à 150 hommes à bord, tuant entre 1 000 et 2 000 baleines.
La baleine était chassée pour sa graisse que l’on faisait fondre sur place ; l’huile était conditionnée en barils ; elle servait à la fabrication du savon, au graissage des machines, à l’imprégnation des tissus, aux parfums et surtout à l’éclairage urbain : c’était comme le pétrole de l’époque.
Mais elle produisait aussi, à partir des grands fanons cartilagineux, les baleines utilisées dans la fabrication des parapluies, des ombrelles, des éventails, des armatures de corset, des raidisseurs de cols de chemise : cette matière, résistant à l’eau, flexible, était facile à travailler. La peau donnait aussi un cuir épais.
Ce commerce très lucratif engendra une compétition féroce entre les pays.
La plus célèbre des stations baleinières fut la base hollandaise de Smeerenburg (« la ville de la graisse »), opérationnelle dès 1619 : il y avait 7 fours à huile dont il reste des vestiges, des ateliers et entrepôts, 16 à 17 maisons d’habitation ; vers 1640, 200 personnes devaient y vivre en été.
Au plus fort de la chasse, à la fin du 17èmesiècle, le nombre de bateaux aurait été de 200 à 300 toutes nationalités confondues, avec 10 000 à 20 000 hommes à bord.
Cinquante après le début de cette chasse effrénée, véritable « ruée vers l’huile », la quasi-totalité des baleines franches du Spitzberg avait été exterminée. Cette baleine appelée aussi « baleine du Groenland », « the right whale » pour les Anglais, était la bonne baleine, car elle nageait lentement, ne coulait pas une fois blessée, et procurait 700 fanons et 100 tonnes de viande très riche en graisse.
Dès 1660, l’espèce était en voie de disparition et la station de Smeerenburg fut abandonnée.
Le massacre qui avait dépeuplé les fjords, se poursuivit encore quelques décennies, mais plus au large, entre le Spitzberg et le Groenland, à la limite de la banquise d’été, où les baleines étaient encore assez nombreuses : les bateaux-usines firent leur apparition. Les baleines étaient dépecées en mer, le long des flancs des navires et leur graisse transformée en huile et mise en barils directement à bord des navires. 1697 fut l’année la plus « faste » : 129 bateaux hollandais ont ainsi capturé 1 255 baleines.
Vers 1800, la chasse diminue considérablement, faute d’animaux : au cours de 17èmeet 18èmesiècle, les Hollandais ont envoyé 14 000 bateaux et tué environ 50 000 baleines.
En 1880, la population de baleines du Groenland est estimée à 300 individus contre environ 22 000 au début du 17èmesiècle.
La recherche des terrains de chasse et de mouillage appropriés a eu pour conséquence la bonne connaissance des côtes et des fjords.
A partir de 1625, on écarte l’hypothèse de rattacher le Spitzberg au Groenland ; les premières cartes s’esquissent.
En 1707, le Hollandais Gillies atteint 83°N : l’existence du Spitzberg est alors unanimement reconnue, mais la première circumnavigation de l’archipel ne sera faite qu’en 1863 par le Norvégien Carsen.
Après l’extermination de la baleine du Groenland, le Svalbard perdit tout intérêt et redevint une « Terra Nullius », une terre de personne, c’est-à-dire un territoire sans maître.
L’époque des chasseurs et des trappeurs : 17ème et 18ème siècles
Les trappeurs représentent la deuxième vague d’exploitation de l’archipel : ils sont venus ici, à la marge du monde, pour tirer profit de l’abondance de la faune et répondre à la demande importante de fourrures.
Vers 1715, les trappeurs russes, les Pomores, s’installent ; il étaient spécialisés dans le piégeage des animaux à fourrure ( ours, renard, renne et phoque ) et à ivoire ( morse ) ; ils étaient peu nombreux et isolés, mais pouvaient hiverner : abondance du bois flotté venant de Sibérie, oies et eiders fournissant des œufs et du duvet. La chasse s’organisait par groupe d’une quinzaine de personnes, installées autour d’une station d’hivernage et de cinq à six huttes.
Le morse massacré par les premiers visiteurs, continua à être chassé par les trappeurs : 750 morses tués par neuf chasseurs pendant l’hiver 1823-1824, dans l’Ile aux Ours ; protégée depuis 1951-1952, la population se reconstitue progressivement.
A partir de 1822, les chasseurs norvégiens arrivent à leur tour.
L’apogée de la trappe est atteint vers la fin du 19èmesiècle ; la demande croissante de fourrures revendues à grand profit dans toute l’Europe et le progrès des armes à feu, font que cette activité relevait plus du massacre que de la chasse : 17 000 morses ont été importés en Norvège de 1871 à 1914, et sur une population initiale de 10 000 rennes, il n’en restait que 300 à 400.
La chasse au phoque ( phoque à capuchon, phoque du Groenland ) a été pratiquée jusqu’au 20èmesiècle mais avec une intensité moindre que pour celle à la baleine.
Quant aux ours, on en tuait, en 1910, jusqu’à 3 000 par an, sur tout l’archipel.
En 1930, il y avait encore 40 trappeurs norvégiens organisés en territoire de chasse et ravitaillés par bateau en été ; interrompue pendant la seconde Guerre Mondiale, la chasse professionnelle continuera jusqu’en 1973, date à laquelle l’ours polaire est placé sous protection internationale.
Actuellement, la trappe est une activité très marginale et ne concerne que quelques norvégiens.
Les premières explorations scientifiques : 18ème, 19ème, 20èmesiècles
Au fil des siècles, après le temps de la découverte, de la chasse et des trappeurs, le Spitzberg est devenu un terrain de la recherche polaire.
A partir du 18èmesiècle, des études cartographiques, géologiques et climatologiques de la région sont faites ( Russes, Anglais, Norvégiens, Suédois …).
Au début du 20èmesiècle, le Prince de Monaco apporte une contribution importante à l’étude du Nord-Est de l’archipel par le financement de plusieurs grandes expéditions océanographiques et météorologiques.
En 1909 débutent les expéditions scientifiques norvégiennes annuelles.
En 1911, la première station de radio de l’Arctique est érigée au Spitzberg.
En 1918, une station météorologique est installée sur l’Ile aux Ours.
Mais le Spitzberg va devenir la base avancée pour la découverte du Pôle Nord, par la voie des airs, en raison de la proximité du Pôle et de sa côte Ouest dégagée de glaces en été : l’ingénieur suédois Andrée avec son ballon Oern ( l’Aigle ) dès 1896, plus tard l’Italien Nobile et ses dirigeables, le Norge en 1926 et l’Italia en 1928, sans oublier les inconditionnels des vols polaires en avion, comme Ellsworth, Byrd et Amundsen.
En 1896, le Suédois Andrée, tente d’atteindre le Pôle Nord en ballon, le dirigeable paraissant plus sûr que l’avion dont l’autonomie était limitée, mais la météo n’est pas favorable, et il doit abandonner.
Il revient l’année suivante, mais plus tôt dans la saison.
Le 11 juillet, après 20 jours d’attente de vents favorables, le ballon est lâché avec trois hommes à bord.
Le 12 juillet, le ballon plonge dans le brouillard et reste à moins de 100 mètres d’altitude. Il touche la glace, une première fois, vers 82° de latitude nord, puis une deuxième fois, vers 83°, après que le givre ait recouvert peu à peu le ballon, soit après 65 heures de vol. Les trois hommes dérivent alors sur la banquise, et au bout de deux mois, arrivent en vue de l’Ile Blanche. Le bloc de glace, sur lequel ils s’étaient réfugiés, explose le 2 octobre ; ils doivent s’installer sur l’île pour hiverner, mais meurent rapidement. C’est seulement en 1930, qu’un bateau chassant le phoque découvre par hasard les restes de l’expédition ; cadavres, carnets de bord, plaques photographiques intactes, matériel d’expédition.
En 1926, l’ingénieur italien Umberto Nobile construit le Norge ( la « Norvège » ), un appareil capable de soulever 23 tonnes et possédant un rayon d’action de 8 000 kilomètres.
Il décolle de Ny-Alesund, le 11 mai 1926, pour le Pôle. En compagnie du Norvégien Amundsen et de l’Américain Ellsworth, il réussit à survoler le point tant recherché, larguant les trois drapeaux de l’expédition, et à rallier l’Alaska après 72 heures de vol. Mais ce succès partagé par plusieurs pays ne plait pas à Mussolini qui voulait une victoire uniquement italienne.
En 1928, un nouveau dirigeable est acheminé à Ny-Alesund. Au cours d’un vol de reconnaissance, après avoir survolé les Terres du Nord, la Nouvelle Zemble, l’archipel François-Joseph, le nord du Groenland, puis le Pôle, le dirigeable est pris dans le brouillard, et alourdi par le givre, tombe sur la banquise.
La plus grande opération de secours jamais organisée est alors déclenchée : 1 500 hommes en provenance de sept pays, 21 avions, 7 bateaux, 1 hydravion Latham prêté par la France ; c’est à bord de cet appareil que disparaît Roald Amundsen, le 29 juin entre Tromso et la Baie du Roi ; un SOS sera capté depuis un campement sommaire installé sur la banquise : Nobile, blessé, sera évacué par avion et le reste de l’équipage recueilli par le brise-glace soviétique Krassin.
L’exploitation du charbon
Le charbon, présent en grande quantité, est connu des baleiniers dès 1610.
Mais ce n’est qu’avec l’industrialisation de l’Europe et de l’Amérique du Nord, que l’exploitation de la houille devient intéressante : la richesse des gisements, la qualité de la roche et la position horizontale des filons donnent le coup d’envoi à cette activité, où de nouvelles firmes voient le jour avec des destins variés.
La Norvège achète des parcelles et subventionne des entreprises norvégiennes, afin d’asseoir sa souveraineté sur le Svalbard.
En 1906, l’investisseur américain John Munroe Longyear, qui créa l’Arctic Coal Compagny, fonde Longyear City, qui deviendra norvégienne en 1916 et s’appellera Longyear Byen en 1926.
Sept mines ont été ouvertes au fil du temps, souvent à flanc de montagne et chacune porte un numéro correspondant à son éloignement.
La ville de Ny-Alesund, cité minière à l’origine, cessera son activité à la suite d’accidents.
Quant aux Russes, ils n’exploitent plus qu’une mine, à Barentsburg, après avoir fermé celle de Pyramiden en 1998.
Les conditions d’exploitation du charbon sont particulières.
Les veines sont situées dans la partie du sous-sol gelé en permanence : il fait – 4° en moyenne dans les galeries ; il n’y a pas d’infiltration d’eau et la roche mère est solide.
Les couches sont horizontales : il n’y a pas de puits à creuser ni de chevalet pour évacuer le charbon.
L’extraction est fatigante, car la faible épaisseur des couches ( 1,40 mètre ), oblige les mineurs à travailler à genoux, voire en position allongée.
Le charbon extrait est stocké en plein air près des quais de chargement, mais le vent emporte la poussière noire à des distances importantes, représentant la principale source de pollution atmosphérique.
L’époque récente
Pendant longtemps, depuis la découverte officielle par Barents en 1596, l’archipel était resté une terre internationale par défaut, où chacun pouvait s’établir et dont il pouvait exploiter à sa convenance les ressources officielles.
Dès l’époque de la chasse à la baleine et de la trappe des animaux à fourrure, les premiers conflits de concurrence apparurent, mais c’est le début de l’exploitation minière, dans les années 1900, qui montrèrent la nécessité d’un statut incontestable : en effet, la découverte du charbon au début du 20èmesiècle fut le point de départ d’une nouvelle course au contrôle des ressources naturelles, et jusqu’au début de la Première Guerres Mondiale, plusieurs nations y exploitèrent des mines. Les conflits de légitimité qui en résultèrent ne pouvaient être réglés que par un accord international.
Le traité du Svalbard, ou Traité de Paris
Il est signé, à Sèvres, près de Paris, le 9 février 1920, par les pays suivants : la Norvège, les Etats-Unis, le Danemark, la France, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Grande Bretagne, l’Irlande, les possessions britanniques d’outre-mer et la Suède ; les Allemands ayant perdu la guerre et les Russes occupés par leur révolution, ne sont pas signataires ; ils s’y rallieront en 1925 pour les premiers, en 1935 pour les seconds.
Ce traité entera en vigueur le 14 août 1925 ; aujourd’hui, 40 pays l’ont ratifié.
Il stipule notamment :
- la reconnaissance de la souveraineté absolue et complète du royaume de Norvège sur l’archipel et l’Ile aux Ours ;
- des droits de pêche et de chasse égaux pour les ressortissants des pays signataires, tant à terre que dans les eaux territoriales ;
- un droit d’accès et d’exploitation pour les ressortissants des pays signataires ;
- l’interdiction de monopole et de taxe d’exportation ;
- l’interdiction d’installer des bases navales, de bâtir des fortifications ou d’utiliser le territoire à des fins militaires ;
- la nécessité d’y implanter une station internationale de météorologie.
Bien que le Svalbard fasse partie intégrante du royaume de Norvège, tous les pays signataires peuvent y exercer une activité économique ou scientifique, moyennant le respect de la législation en vigueur, à l’exclusion de toute activité militaire ou stratégique.
La seconde guerre mondiale
L’occupation de la Norvège par les troupes allemandes, en avril 1940, n’a pas de conséquence directe sur les activités minières du Svalbard, mais tout change, en juillet 1941, lorsque l’Allemagne attaque l’Union Soviétique.
Très vite, les Soviétiques proposent aux Anglais d’occuper l’archipel, ce que refuse le gouvernement norvégien en exil.
Or le charbon du Svalbard sert à l’Allemagne à des fins de guerre. Les Britanniques choisissent alors d’évacuer les habitants de certaines villes et de saboter les installations, laissant le champ libre aux Allemands qui y installent plusieurs stations météo, dont les informations sont capitales pour attaquer les convois en route vers Mourmansk et Arkhangelsk.
Des troupes norvégiennes interviennent pour les détruire, en 1942 ; en septembre 1943, deux torpilleurs et neuf destroyers bombardent notamment Longyerbyen et Barentsburg.
Les raids norvégiens continuèrent et les deux bâtiments allemands allaient bientôt être coulés par la Royal Navy.
Après la fin de la guerre, les implantations, en partie détruites, retrouveront un nouveau visage, et les Norvégiens comme les Soviétiques vont rénover leurs installations et reprendre l’exploitation minière.
L’après-guerre
Les villes sont reconstruites et dès 1948 la production du charbon reprend ses niveaux d’avant-guerre ( 420 000 tonnes ).
Les rapports diplomatiques vont se tendre entre la Norvège et l’Union Soviétique lorsque la Norvège devient membre de l’Otan, lorsqu’il est question d’ouvrir un aéroport à Ny-Alesund, de créer sur place une station de réception pour les satellites, enfin lors de la création d’un aéroport à Longyearbyen, afin de désenclaver le Svalbard ( l’accès se faisait principalement en bateau et l’isolement hivernal était total ) ; un accord est trouvé donnant la totale gestion de cet aéroport aux Norvégiens, tout en permettant aux avions de l’Aeroflot de l’utiliser.
Le Svalbard aujourd’hui
Alors que le Svalbard a été habité par des hommes de diverses nationalités, seuls les Norvégiens, les Russes et quelques Polonais y maintiennent une activité permanente ; on dénombre moins de 3 000 habitants.
Les agglomérations sont reliées par pistes pour motoneige, ou éventuellement par bateaux, avions ou hélicoptères.
Longyerbyen est la « capitale », le siège de l’administration norvégienne avec son « gouverneur », son aéroport, son université polaire.
Dans les années 1970, elle commença à évoluer ; en effet, malgré l’isolement, les gens n’hésitent plus à venir s’installer dans ce pays situé à la marge du monde : salaires plus élevés que sur le continent, impôts et taxes moins importants, coût de la vie pratiquement identique, 6 à 7 semaines de vacances, retraite accordée après trente années de travail.
De cité minière, elle devint peu à peu un centre de prestations de services : musée, université, bibliothèque, piscine, gymnase, hôpital, jardins d’enfants et écoles, supermarché, magasins divers, galerie d’art, hôtels et restaurants, différents Tour Operators.
Il y a quelques décennies, le mode de vie était particulier : isolement hivernal, très forte majorité d’hommes, travail en trois-huit six jours par semaine.
Mais l’ouverture de l’aéroport a déclenché le processus de « normalisation », comparativement aux autres villes de Norvège : facilité de communication ( avion, télécommunication, télévision, presse ), sédentarisation avec femmes et enfants, encouragement à l’initiative privée, construction de nouveaux logements pour la propriété privée, établissement d’une démocratie locale, ouverture au tourisme.
Cependant, eu égard aux conditions géographiques et climatiques, la vie s’organise en milieu fermé ; tous les services sont sur place : clubs, associations, sections sportives.
L’exploitation du charbon
A Longyearbyen, la production actuelle ne sert plus qu’à fournir de l’énergie à la ville.
Sveagruva, plus au sud, à 60 km, est le centre de l’activité minière norvégienne,
mais la mine doit fermer en 2014, car est projetée l’ouverture d’une nouvelle mine, un peu plus au Nord-Ouest, beaucoup plus prometteuse ( 60 millions de tonnes, dans deux couches de 2 et 3,80 mètres d’épaisseur ).
Barentsburg, plus à l’ouest, reste la seule cité minière russe encore en activité.
La recherche scientifique et la haute technologie
EISCAT Svalbard Radar : à Longyearbyen, sur une montagne, au-dessus de la mine n°7, a été installé un parc d’antennes pour la recherche sur les couches supérieures de l’atmosphère et les aurores boréales.
Global Seed Vault : toujours à Longyearbyen, dans une galerie de la mine n°3, dont l’exploitation a cessé en 1997, une banque de gènes végétaux a été établie en 1984 par Nordiska Genebanken et l’université agricole de Norvège ; c’est le premier dépôt mondial de gènes, creusé dans le pergélisol, à 120 mètres sous la surface, stocké dans un container d’acier à – 3.7°. Ce dépôt, d’un volume de stockage de 1 500 m3, est considéré à l’abri des catastrophes d’origine naturelle ou humaine. Depuis son ouverture officielle en février 2008, il est passé de 5 000 spécimens de semences végétales à 430 000 graines originaires du monde entier.
Station Satellite du Svalbard ( SVALSAT ) : de par sa situation proche du Pôle, le Spitzberg est une place favorable pour la réception de signaux venant de satellites circulant sur une orbite circumpolaire ; sur le plateau, à côté de l’aéroport, la station SVALSAT possède un parc d’antennes dédié à cet effet.
En 2004, un câble sous-marin en fibres optiques, de 1 400 km de long, fut posé entre Longyearbyen et le continent ( Harstad ), permettant ainsi une transmission rapide d’un grand nombre de données satellitaires par Internet.
Ny-Alesund, cité minière à l’origine, est devenue un « village » scientifique international, voué à la recherche, accueillant jusqu’à 20 équipes de nationalités différentes, dont l‘Institut Polaire Norvégien.
Conformément au Traité du Svalbard, plusieurs pays déploient des activités de recherche en biologie, géophysique, géologie, glaciologie ou histoire : Norvège, Russie, Pologne, Allemagne, Angleterre et la France représentée par l’Institut Polaire Paul-Emile Victor.
Le tourisme
Il est actuellement en plein essor ; on estime à 50 000 le nombre annuel de visiteurs.
Le climat arctique relativement tempéré ( - 14°C° en hiver et + 6°C en été ), la nuit polaire du 26 octobre au 16 février et le jour permanent du 19 avril au 23 août rythment les différentes activités.
En hiver et au printemps, il s’agit de randonnées à pied ou en raquettes, à ski, en traîneau à chiens, et d’expéditions en motoneige.
En été et en automne, ce sont essentiellement les excursions en kayak, en zodiac, en petit bateau à moteur, et bien sûr les croisières d’une journée ou de plusieurs jours longeant la côte Ouest ou faisant le tour du Spitzberg.